« La seule chose qui est vraie c’est votre émotion » est un projet de 50h mené par la réalisatrice Camille Gerschel Hautefeuille à l’intention d’une classe de 5e du collège Théodore Monod (Gagny 93) soutenu par le Département de Seine Saint-Denis dans le cadre d’un Projet Éducatif Départemental en partenariat avec la Mgi.
Par les thèmes abordés je souhaite faire apparaître l’articulation entre réalité et fiction, les amener à prendre conscience que tout est possible, qu’ils peuvent inventer leurs vies.
Je souhaite discerner avec eux les maillons qui articulent réalité et rêve, et mettre en évidence les étapes du temps dans cette relation.Il s’agit de travailler sur les émotions qui se manifestent aussi bien dans la sphère intime que collective. Il est très difficile de reconnaître les émotions et de les nommer. Souvent on agit sans y penser, mon but est de les amener à transformer leurs émotions en actes et pensées réfléchis, en les exprimant au travers de l’image.
A l’image de ce que fait le street artiste JR avec ses photos en grand format sur les murs de Bobigny ou en Palestine : le but est de désamorcer les tensions, montrer que nous ne sommes pas si différents, faire rire à la place de faire peur, je souhaite amener les élèves à se questionner sur la caricature et l’idéalisation.
Les élèves peuvent filmer des lieus de leur environnement qu’ils aiment et qu’ils détestent. Par le traitement de l’image je veux leur faire prendre conscience qu’un lieu peut devenir détestable ou aimable suivant le point de vue.
Camille Gerschel Hautefeuille
La forme
J’ai proposé de créer un blog qui soit la vitrine de l’établissement. Une sorte de journal du collège en ligne : avec de l’écrit, des photos et des vidéos.
Visiter le blog de la classe de 5e du collègee Théodore Monod
Le contenu
Les élèves y détaillent l’actualité du collège.
Chacun réalise un sujet sur ce qui l’intéresse. Les élèves se mettent par groupe de 3, 4, 5 maximum. Après avoir élaboré et écrit leur sujet en commun, ils désignent un réalisateur, un cadreur, un preneur de son, et si nécessaire, un présentateur.
Sur le modèle de Brecht et ses questions que se posent un ouvrier qui lit – je souhaite amener les élèves à formuler les questions que se posent un élève qui regarde des images.
Petit à petit les sujets mis en ligne sur le blog deviennent de moins en moins factuels et de plus en plus inventés.
Quelques pistes de réalisation
Ils peuvent mentionner notamment l’atelier de cinéma qui vient de débuter, ils interrogent leurs camarades à propos de ce qu’ils attendent d’un tel blog.
Les sujets peuvent s’étendre aux activités de quartiers, à ce qui fait leur quotidien.
- Y’a-t-ils des profs dont ils aimeraient faire le portrait ?
- De quoi parle-t-on à la maison ?
- Quelle place occupe l’amour, l’amitié, la haine, la jalousie, la vengeance, la tromperie, la trahison, la justice, l’injustice dans leur vie ?
- Qu’est-ce qu’ils aiment et n’aiment pas dans leur vie de tous les jours ?
- La question de la réputation ?
- Les élèves peuvent partir du portrait d’un des leur qui a un don particuler et filmer sa journée type en choisissant d’en inventer certaines parties avec lui
- Où et comment se voient-ils dans 10 ans ?
- Quelle serait votre soirée rêvée ?
- Votre collège idéal ?
- Quel élève voudrais tu être ? Le fils ou la fille ?
Ces pistes sont là pour libérer la parole, la faire circuler en classe. Elles sont le point de départ d’une discussion qui va se développer, au fur et à mesure certains aspects vont ressortir de ces discussions, ils seront les bases d’un scénario qui fera la part-belle à la question de l’image et de la manipulation, du réel et de la mise en scène.
Le déroulement
12 séances de réalisation audiovisuelle de 3h, au collège ou à la Mgi
Parcours culturel (en cours d’élaboration)
- Visite au Centre Pompidou : exposition César 13 décembre 2017 – 26 mars 2018
Les compressions de César peuvent ouvrir une piste de réflexion sur l’influence de l’Art sur le réel. - Visite d’Art 42 : espace d’exposition entre les murs de l’école de Xavier Niel, l’école 42, située dans le 17ème arrondissement.
L’importance de la diffusion et de la muséification de l’art de rue. - Visite de la Halle St Pierre :L’Art brut pour amener à penser l’Art autrement que passant par une technique et des écoles spécialisées. L’art comme moyen d’expression brut.
- Dans le 93, Labominable à la Courneuve : collectif de joyeux cinéastes qui travaillent sur l’argentique. La manipulation de la pellicule à l’ère du numérique.
- Rencontres avec des professionnels du cinéma.